Le témoignage de Watchman Nee

 

Watchman Nee donna son témoignage à trois occasions différentes en 1936. Ces témoignages ont été compilés par le frère Kwang-hsi Weigh dans un livre intitulé Watchman Nee’s Testimony, publié dans une première édition en 1974. (Le témoignage du frère Weigh lui-même au sujet de Watchman Nee est inclus dans la section « Témoignages des autres ».) Une édition révisée du livre a été publiée en 1981 et 1993 par Living Stream Ministry. La traduction française de celle-ci a été publiée en 2010 par la même maison d’édition. Ci-dessous est reproduite une partie de l’introduction, suivie de cinq passages représentatifs.

INTRODUCTION

Ces trois témoignages furent donnés par le frère Watchman Nee en octobre 1936, lors d’une rencontre de collaborateurs tenue à Kulangsu, une île au large de la côte sud-est de la province du Fujian, en Chine. Ce fut à ma connaissance la seule occasion où, au cours de toute sa vie, il aborda des questions personnelles en détail. Il n’évoquait que très rarement en public sa propre expérience spirituelle, probablement « de peur que quelqu’un ne m’estime au-dessus de ce qu’il me voit être ou entend de moi » (2 Co 12.6). Ce témoignage que Paul donna au chapitre 12 de 2 Corinthiens ne fut divulgué que quatorze années plus tard. Par le passé, j’ai souvent pensé à publier ces trois témoignages, mais pour être en accord avec la perspective de Watchman Nee, j’ai attendu jusqu’aujourd’hui, trente-sept ans plus tard. Quand il mourut en Chine le 30 mai 1972, je décidai de rendre ces témoignages publics. Je crois que le moment était opportun. J’espère que les lecteurs ne feront pas grand cas de la personne même de Watchman Nee, mais qu’ils seront plutôt attentifs à l’œuvre du Seigneur en lui et à son désir de laisser le Seigneur accomplir Son œuvre, afin que la gloire du Seigneur puisse s’exprimer à travers lui. Comme l’a dit Paul : « En sorte que le nom de notre Seigneur Jésus soit glorifié en vous, et vous en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus-Christ » (2 Th 1.12).

Premier témoignage : salut et vocation.

Deuxième témoignage : 1) Apprendre la leçon de la croix, 2) La conduite pour l’œuvre, 3) Connaître Dieu comme Celui qui me guérit et 4) Quatre aspects de l’œuvre confiée par Dieu.

Troisième témoignage : 1) Comment mener une vie de foi, 2) L’attitude face à l’argent et 3) S’attendre à ce que Dieu réponde aux besoins de l’œuvre de publication.

Ces trois témoignages ne reflètent nullement l’intégralité de sa vie spirituelle et de son œuvre d’avant 1936. Lorsque nous lisons les publications intitulées The Present Testimony [Le Présent témoignage] et The Christian [Le Chrétien], ainsi que les lettres ouvertes qu’il avait publiées avant 1936, nous voyons qu’il avait déjà donné de nombreux témoignages et accompli un travail important qui valait la peine d’être mentionné. Le temps lui manqua pour s’exprimer plus longuement au cours de cette rencontre de collaborateurs…

Kwang-hsi Weigh,

Éditeur

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SALUT ET VOCATION

(Témoignage donné le 18 octobre 1936)
Lecture biblique : Ac 26.29 ; Ga 1.15

 

Le contexte familiale

Je vis le jour dans une famille chrétienne. J’étais le troisième enfant, précédé par deux sœurs. Parce que l’une de mes tantes avait donné naissance successivement à six filles, ma tante paternelle fut déçue quand ma mère eut elle aussi deux filles. Traditionnellement en Chine, on préfère les garçons aux filles. Lorsque ma mère donna naissance à deux filles, les gens dirent qu’elle serait sans doute comme ma tante, mettant au monde une demi-douzaine de filles avant de donner naissance à un garçon. Bien qu’à cette époque ma mère n’était pas réellement sauvée, elle savait comment prier. Elle s’adressa donc au Seigneur ainsi : « Si j’ai un garçon, je Te le présenterai. » Le Seigneur entendit sa prière et je fus conçu. Mon père me dit : « Avant ta naissance, ta mère avait promis de te consacrer au Seigneur. »

Sauvé et appelé en même temps

Je fus sauvé en 1920 à l’âge de dix-sept ans. Avant d’être sauvé, je fis l’expérience d’un conflit intellectuel sur la question de savoir si oui ou non je devais accepter le Seigneur Jésus comme mon Sauveur, et si oui ou non je devais devenir Son serviteur. Pour la plupart des gens, le problème qui se pose au moment du salut est celui de la délivrance du péché. Mais pour moi, être sauvé du péché et le cours ultérieur de ma vie étaient intimement liés. Si je devais accepter le Seigneur Jésus comme mon Sauveur, je devais en même temps L’accepter comme mon Seigneur. Il me délivrerait non seulement du péché, mais aussi du monde. En ce temps-là, je craignais d’être sauvé, car je savais qu’une fois sauvé, je devais servir le Seigneur. Par conséquent, mon salut serait nécessairement double. Il m’était impossible de mettre de côté l’appel du Seigneur et ne désirer que le salut. Je devais choisir soit de croire au Seigneur et d’obtenir un double salut, soit de perdre les deux. Pour moi, accepter le Seigneur impliquait que les deux évènements auraient lieu simultanément.

La décision finale

Le soir du 29 avril 1920, j’étais seul dans la chambre. J’étais troublé. Assis ou allongé, je ne pouvais trouver le repos, car au-dedans de moi se posait la question de savoir si oui ou non je devais croire au Seigneur. Ma première envie fut de ne pas croire au Seigneur Jésus et de ne pas devenir chrétien. Cependant, à cause de cela, je sentais un malaise intérieur. Un vrai conflit intérieur m’accaparait. Alors je me mis à genoux pour prier. D’abord, je ne trouvais pas les mots avec lesquels prier. Mais finalement, de nombreux péchés se présentèrent devant moi, et je réalisai ma condition de pécheur. Je n’avais jamais eu une telle expérience dans ma vie avant ce moment-là. Je vis le pécheur que j’étais, et je vis également le Sauveur. Je vis la répugnance du péché, mais aussi l’efficacité du précieux sang du Seigneur qui me lavait et me rendait aussi blanc que la neige. Je vis les mains du Seigneur clouées sur la croix, et au même moment, je Le vis me tendre Ses bras pour m’accueillir en disant : « Je suis là, prêt à te recevoir. » Submergé par un tel amour, je ne pouvais plus Le rejeter et je décidai de L’accepter comme mon Sauveur. Auparavant, je me moquais de ceux qui avaient cru au Seigneur, mais ce soir-là, je ne pouvais plus le faire. Au contraire, je pleurais et confessais mes péchés, cherchant le pardon du Seigneur. Après ma confession, le fardeau des péchés fut enlevé, et je me sentis léger et rempli de joie et de paix intérieures. C’était la première fois de ma vie que je comprenais que j’étais un pécheur. Je priai pour la première fois et j’eus ma première expérience de joie et de paix. J’avais peut-être connu la joie et la paix auparavant, mais l’expérience qui suivit mon salut fut très réelle. Seul dans ma chambre ce soir-là, je vis la lumière et perdis toute conscience de ce qui m’entourait. Je dis au Seigneur : « Seigneur, Tu as vraiment été miséricordieux envers moi. »

Je renonce à mon avenir

Aujourd’hui, dans cet auditoire, il y a au moins trois de mes camarades de classe. Parmi eux se trouve le frère Weigh Kwang-hsi, qui peut témoigner que j’étais un étudiant indiscipliné mais malgré cela, un très bon élève en classe. Du côté négatif, j’enfreignais souvent les règlements de l’école. Du côté positif, j’étais toujours premier à tous les examens, parce que Dieu m’avait octroyé une grande intelligence. Mes rédactions étaient souvent exposées sur le tableau d’affichage pour que tous puissent la lire. À ce moment-là, j’étais un jeune avec de grands rêves et de nombreux projets d’avenir. Je considérais que mes jugements étaient sains. Je peux dire humblement que si j’avais travaillé dur dans le monde, il m’aurait été tout à fait possible de très bien réussir. Mes camarades de classe peuvent aussi attester cela. Mais après mon salut, beaucoup de choses nouvelles m’arrivèrent. Tous mes anciens projets devinrent vides et furent réduits à néant. Mon plan de carrière fut complètement abandonné. Pour certains, cette étape pourrait être facile, mais pour moi, un jeune homme ayant beaucoup d’idéaux, de rêves et de projets, ce fut extrêmement difficile. Depuis le soir où je fus sauvé, je commençai à vivre une nouvelle vie, car la vie du Dieu éternel était entrée en moi.

Mon salut et mon appel à servir le Seigneur eurent lieu simultanément. À partir de ce soir-là, je n’eus jamais une seule fois des doutes sur mon appel. Durant cette heure, je pris la décision concernant ma carrière future une fois pour toutes. Je compris que d’une part le Seigneur m’avait sauvé pour mon propre bien, et que d’autre part, Il l’avait fait pour Son propre intérêt. Il voulait que j’obtienne Sa vie éternelle, mais également que je Le serve et sois Son collaborateur. Jeune garçon, je ne comprenais pas la nature de la prédication. Quand je devins plus grand, je considérais cela comme étant la plus insignifiante et la plus minable des professions. À cette époque, la plupart des prédicateurs étaient employés par les missionnaires européens ou américains. Ils étaient des subordonnés serviles des missionnaires et gagnaient seulement huit ou neuf dollars par mois. Je n’avais aucune intention de devenir prédicateur ni même chrétien. Je n’aurais jamais pu imaginer que je choisirais la profession de prédicateur, une profession que je méprisais et considérais comme insignifiante et ignoble.

J’APPRENDS À SERVIR LE SEIGNEUR

Après avoir été sauvé, je fus spontanément rempli d’amour pour les âmes des pécheurs et je souhaitais que tous soient sauvés. À cette fin, je commençai à prêcher l’évangile et à rendre témoignage parmi mes camarades d’école. Après presque une année de labeur, cependant, personne n’était sauvé. J’avais pensé que plus je parlerais et plus je présenterais de raisons, plus je serais efficace pour le salut des gens. Mais bien que j’eusse beaucoup à dire concernant le Seigneur, mes paroles manquaient de puissance pour émouvoir l’auditoire.

Je prie pour le salut des autres

À peu près à cette époque, je fis la rencontre d’une missionnaire occidentale, Mademoiselle Groves (collaboratrice de Margaret Barber), qui me demanda combien de personnes j’avais amenées au Seigneur durant l’année qui avait suivi mon salut. Je baissai la tête, espérant éviter d’autres questions, et je dus admettre à voix basse et non sans honte que, bien qu’ayant prêché l’évangile à mes camarades d’école, ceux-ci ne voulaient pas écouter, et même quand ils écoutaient, ils ne voulaient pas croire. Ma position était que, puisqu’ils ne voulaient pas prêter attention à l’évangile, ils devaient en supporter les conséquences. Elle me parla franchement : « Vous êtes incapable de conduire les gens au Seigneur parce qu’il y a un obstacle entre Dieu et vous. Il peut s’agir de certains péchés cachés pas encore complètement traités, ou d’une dette que vous avez envers quelqu’un. » J’admis que de telles choses existaient, et elle demanda si j’étais prêt à les régler aussitôt. Je répondis : « Oui. »

Elle me demanda également comment je rendais témoignage. Je répondis que j’attirais les gens au hasard et commençais à leur parler, peu importe qu’ils écoutent ou pas. Elle dit : « Cela n’est pas bon. Vous devez d’abord parler à Dieu, avant de vous adresser aux hommes. Vous devez prier Dieu, dresser une liste des noms de vos camarades d’école et demander à Dieu quels sont ceux pour lesquels vous devez prier. Priez pour eux chaque jour, en les mentionnant par leurs noms. Ensuite, lorsque Dieu donnera l’occasion, vous leur rendrez témoignage. »

Après cette conversation, je commençai aussitôt à m’occuper de mes péchés en faisant des restitutions, en payant des dettes, en me réconciliant avec mes camarades d’école et en confessant mes offenses aux autres. J’entrai aussi dans mon carnet les noms d’environ soixante-dix camarades d’école et je commençai à prier pour eux tous les jours, en mentionnant leurs noms individuellement devant Dieu. Parfois, je priais pour eux chaque heure, en silence, même en classe. Lorsque l’occasion se présentait, je leur donnais mon témoignage et essayais de les persuader de croire au Seigneur Jésus. Mes camarades d’école disaient souvent en plaisantant : « Voilà Monsieur le prédicateur qui arrive. Écoutons sa prédication. » Le fait était qu’ils n’avaient pas l’intention de m’écouter.

Je retournai voir Mademoiselle Groves et lui dis : « J’ai scrupuleusement appliqué vos instructions. Pourquoi ne sont-elles pas efficaces ? » Elle répondit : « Ne soyez pas découragé. Continuez de prier jusqu’à ce que certains soient sauvés. » Par la grâce du Seigneur, je continuai à prier tous les jours. Quand l’occasion se présentait, je témoignais et prêchais l’évangile. Dieu merci, après plusieurs mois, toutes ces soixante-dix personnes, sauf une, avaient été sauvées.

LA LEÇON DE LA SOUMISSION

En 1923, nous étions sept à travailler en qualité de collaborateurs. Deux d’entre nous prirent la conduite, un collaborateur de cinq ans mon aîné et moi-même. Nous avions une réunion de collaborateurs tous les vendredis, au cours de laquelle les cinq autres étaient souvent obligés d’écouter la discussion entre les deux responsables. Nous étions alors tous jeunes, et chacun avait sa propre façon de penser. J’accusais souvent le collaborateur aîné d’avoir tort, et réciproquement. Puisque mon caractère n’avait pas été traité, je me mettais souvent en colère. Aujourd’hui en 1936, il m’arrive de rire, mais je riais rarement en ce temps-là. Dans nos controverses, j’admets que plusieurs fois j’avais tort, mais lui aussi avait tort par moments. Il m’était facile d’oublier mes propres fautes, mais pas facile de pardonner aux autres. Après une dispute le vendredi, j’allai voir la sœur Barber le samedi pour accuser l’autre collaborateur. Je lui dis : « J’ai dit à ce collaborateur qu’il devrait agir d’une certaine façon, mais il ne m’a pas écouté. Vous devriez lui parler. » La sœur Barber me répondit : « Il a cinq ans de plus que toi, tu devrais l’écouter et lui obéir. » Je demandai alors : « Dois-je l’écouter qu’il ait raison ou pas ? » Elle répondit : « Oui ! Les Écritures disent que les plus jeunes doivent obéir aux plus âgés. » Alors je ripostai : « Je ne peux vraiment pas le faire. Un chrétien devrait agir selon la raison. » Elle répliqua : « Qu’il y ait la raison ou pas, tu ne dois pas t’en faire. Les Écritures disent que les plus jeunes doivent obéir aux plus âgés. » J’étais furieux au fond de moi-même que la Bible puisse dire pareille chose. Je voulais décharger mon indignation, mais je ne le pus.

Chaque fois, après la controverse le vendredi, j’allais la voir pour lui faire part de mes griefs, mais elle citait à nouveau les Écritures, exigeant mon obéissance envers les plus âgés. Quelquefois je pleurais le vendredi soir après la dispute de l’après-midi. Ensuite, j’allais voir la sœur Barber le lendemain pour lui exposer mes griefs, dans l’espoir qu’elle me donnerait raison. Mais je pleurais encore en rentrant à la maison le samedi soir. Je regrettais de ne pas être né quelques années plus tôt. Dans une certaine controverse, j’avais de très bons arguments. J’estimais qu’en les mentionnant cette fois, elle verrait combien mon collaborateur avait tort et me soutiendrait. Mais elle dit : « Que ce collaborateur ait tort ou non est un autre sujet. Pendant que tu accuses ton frère devant moi, es-tu comme une personne qui porte la croix ? Es-tu comme un agneau ? » Lorsqu’elle me questionna de cette manière, j’eus très honte, et je n’ai jamais pu oublier sa remarque. Mes paroles et mon attitude ce jour-là révélèrent que je n’étais vraiment pas comme quelqu’un qui porte la croix, ni comme un agneau.

Dans ces circonstances, j’appris à obéir au collaborateur plus âgé. Au cours de ces dix-huit mois, j’appris la leçon la plus précieuse de ma vie. Ma tête était remplie d’idées, mais Dieu voulait que j’entre dans la réalité spirituelle. Ces dix-huit mois furent pour moi le temps requis pour comprendre ce que signifie porter la croix. Aujourd’hui en 1936, nous comptons une cinquantaine de collaborateurs. N’eût été la leçon d’obéissance que j’avais apprise au cours de cette année et demie, je crains que je n’aurais pas été capable de travailler avec qui que ce soit. Dieu me mit dans ces circonstances afin que j’apprenne à être soumis à la discipline du Saint-Esprit. Pendant ces dix-huit mois, je n’eus aucune occasion de faire valoir mes propositions. Je ne pus que pleurer et souffrir terriblement. Cependant, si cela n’avait pas été le cas, je n’aurais jamais pu comprendre combien il m’était difficile d’accepter d’être traité. Dieu voulait me polir et enlever toutes mes aspérités, toutes mes parties saillantes. Cela a été quelque chose de très difficile à accomplir. Comme je remercie et loue Dieu dont la grâce m’a permis de franchir ce cap !

Maintenant, je dois dire un mot aux jeunes collaborateurs. Si vous ne pouvez pas supporter les épreuves de la croix, vous ne pourrez pas devenir un instrument utile. C’est seulement dans l’esprit d’un agneau que Dieu trouve Son plaisir : la douceur, l’humilité et la paix. Votre ambition, votre grand projet et votre capacité sont tous inutiles aux yeux de Dieu. J’ai suivi ce sentier et je dois souvent confesser mes défauts. Tout ce qui se rapporte à moi se trouve dans la main de Dieu. L’important n’est pas d’avoir raison ou tort, mais de savoir si nous sommes ou non comme quelqu’un qui porte la croix. Dans l’église, avoir raison ou tort n’a pas de place ; tout ce qui compte, c’est de porter la croix et d’accepter le brisement qu’elle impose. Cela produit le débordement de la vie de Dieu et accomplit Sa volonté.

DIEU COMME MON PÈRE

Lorsque pour la première fois je fus alerté de ma maladie en 1924, je me sentais faible, je ressentais une grande douleur dans la poitrine et j’avais une légère fièvre. Je ne savais pas ce qui n’allait pas. Le docteur H. S. Wong me dit : « Je sais que vous avez la foi et que Dieu peut vous guérir, mais permettez-moi de vous examiner pour diagnostiquer votre maladie. » Après l’examen, il parla au frère Wong Teng-ming pendant quelques minutes, à voix très basse. Au début, malgré mes questions répétées concernant ma maladie, ils ne voulurent pas me dire le résultat de l’examen. Mais quand je les eus rassurés, en leur affirmant que je n’avais pas peur, le docteur Wong me dit que j’étais atteint de tuberculose et que mon état était tellement grave qu’il exigeait un repos prolongé.

Je ne parvins pas à dormir cette nuit-là. Je ne voulais pas aller rencontrer le Seigneur sans avoir terminé mon œuvre. J’étais très déprimé. Je pris la décision d’aller à la campagne pour me reposer et pour avoir plus de communion avec le Seigneur. Je Lui demandai : « Quelle est Ta volonté pour moi ? Si Tu veux que je Te livre ma vie, je n’ai pas peur de mourir. » Pendant six mois, la volonté du Seigneur ne m’était pas claire, mais il y avait de la joie dans mon cœur, et je croyais qu’Il ne pouvait jamais avoir tort. Les nombreuses lettres que je recevais durant cette période ne m’apportaient ni encouragement ni consolation. Au contraire, elles me reprochaient de trop travailler et de ne pas suffisamment prendre soin de ma vie. Un frère me réprimanda en me citant Éphésiens 5.29 : « Car personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme Christ le fait aussi pour l’église. » Le frère Cheng Chi-kwei de Nankin m’invita chez lui pour me reposer et en même temps pour l’aider à traduire la concordance de la Bible du docteur C. I. Scofield. À cette époque, une trentaine de frères et sœurs vinrent me voir pour une communion. Notre entretien porta sur l’église. Je me rendis alors compte que la main de Dieu était sur moi dans le but précis de me ramener à ma première vision. Autrement, j’aurais pu finir par marcher sur le sentier des prédicateurs du renouveau de la foi.

Les jours passèrent sans que ma tuberculose ne guérisse. Je m’exerçai à écrire et à étudier la Bible, je trouvais cela extrêmement pénible. J’avais une légère fièvre chaque après-midi, je ne pouvais pas dormir la nuit, et j’avais souvent des sueurs nocturnes. Quand on me conseillait de prendre un peu plus de repos, je répondais : « Je crains de me reposer au point de devenir rouillé. » Je ressentais que même si ma vie était écourtée, je devais croire que Dieu pouvait augmenter ma force et que je devais œuvrer pour Lui. Je demandai au Seigneur s’il y avait une certaine œuvre non achevée qu’Il aurait voulu que je fasse. S’Il l’avait voulu, je Lui aurais alors demandé de m’épargner la vie, afin que je puisse accomplir ce qu’Il attend. Autrement, je pensais qu’il n’y avait rien d’autre sur terre qui valait la peine que je reste en vie. Pendant un certain temps, je pouvais me lever de mon lit, mais finalement je ne pouvais même plus le faire. On me demanda un jour de diriger une réunion d’évangile. Je m’efforçai de me lever, demandant au Seigneur de me fortifier. Alors que j’étais en route pour la réunion, j’étais obligé de m’arrêter de temps en temps en m’appuyant contre un lampadaire pour me reposer. Chaque fois que cela arrivait, je disais au Seigneur : « Mourir pour Toi vaut la peine. » Certains frères qui savaient que j’avais fait cet effort me reprochèrent de ne pas prendre soin de ma santé. Je leur répondais que j’aimais mon Seigneur et que j’étais prêt à Lui donner ma vie.

Après avoir prié pendant un mois, je me sentis poussé à écrire un livre concernant ce que j’avais appris devant Dieu. J’avais pensé jusqu’alors qu’on devrait attendre d’être âgé avant d’écrire des livres, mais lorsque je considérais la probabilité de mon départ de cette terre à tout moment, je ressentis la nécessité de commencer à écrire. Je louai une petite chambre à Wusih, dans la province du Kiangsu, où je restai enfermé et passai des jours à écrire. À ce moment même, ma maladie devint si grave que je ne pouvais même pas m’étendre sur le lit. Pendant que j’écrivais, je restais assis sur une chaise avec un dossier assez haut et j’appuyais ma poitrine fortement contre mon bureau pour tenter d’alléger la douleur. Satan me dit : « Puisque tu dois mourir bientôt, pourquoi ne pas mourir dans un confort relatif plutôt que dans la douleur ? » Je lui rétorquai : « Le Seigneur me veut dans cette situation, sors d’ici ! » Il me fallut quatre mois pour achever les trois volumes de L’Homme spirituel. L’écriture de ce livre fut pour moi un réel labeur de sang, de sueur et de larmes. Je désespérais de la vie, et pourtant la grâce de Dieu me portait tout au long du chemin. Après être venu à bout de chaque moment d’écriture, je me disais : « Ceci est mon dernier témoignage à l’église. » Bien que l’écriture ait été faite au milieu de toutes sortes de difficultés et de problèmes, je ressentais que Dieu était étrangement très près de moi. Certains frères pensaient que Dieu me maltraitait. Le frère Cheng m’écrivit pour me dire : « Tu t’épuises à l’excès, un jour tu le regretteras. » Je répondis : « J’aime mon Seigneur et je voudrais vivre pour Lui. »

L’Homme spirituel fut rédigé pendant ma longue maladie. Quand le texte fut prêt pour la publication, il nous fallait environ quatre mille dollars. N’ayant aucuns fonds disponibles, je demandai à Dieu de pourvoir à ce besoin. Seuls quatre collaborateurs étaient au courant de ce besoin. Personne d’autre n’en avait connaissance. Peu de temps après, le Seigneur nous fournit quatre cents dollars et un contrat fut signé avec un imprimeur pour commencer l’impression du livre. Le contrat stipulait que si nous manquions de payer les versements ultérieurs, non seulement nous perdrions l’acompte de quatre cents dollars, mais nous serions également redevables de pénalités. Nous priâmes donc à ce sujet d’un commun accord. À cette époque, j’étais encore alité. Chaque fois que l’imprimeur arrivait pour son paiement, le Seigneur avait toujours pourvu à nos besoins. Voyant que nous gardions notre parole, l’imprimeur déclara : « Personne d’autre que vous, les gens d’église, n’effectue des paiements aussi ponctuels. »

Après la publication du livre, je priai : « Maintenant, permets à Ton serviteur de partir en paix. » À ce moment-là même ma maladie empira. Je ne pouvais pas dormir en paix la nuit : lorsque je me réveillais, je me retournais sans cesse d’un côté et de l’autre. Physiquement, je n’étais plus qu’un sac d’os. J’avais des sueurs nocturnes et ma voix était rauque. Les gens avaient du mal à m’entendre parler, même quand ils rapprochaient l’oreille de ma bouche. Plusieurs sœurs me veillèrent à tour de rôle, et l’une d’elles était une infirmière expérimentée. Chaque fois qu’elle me voyait, elle pleurait. Elle témoigna : « J’ai vu de nombreux malades, mais je n’ai jamais vu un patient dans un si piteux état. Je crains qu’il n’ait plus que trois ou quatre jours à vivre. » Quand on m’en informa, je dis : « Que cela soit ma fin. Je me rends compte que je vais mourir bientôt. » Un frère envoya des télégrammes aux églises de différentes localités en leur disant qu’il n’y avait plus d’espoir pour moi et qu’elles devaient cesser de prier pour moi.

Un jour je demandai à Dieu : « Pourquoi me rappelles-Tu si tôt ? » Je confessai mes transgressions devant Lui, craignant d’avoir peut-être été infidèle au sujet d’une certaine chose. En même temps, je Lui dis que je n’avais pas la foi. Le même jour, je me consacrai au jeûne et à la prière et je me présentai à Lui une fois encore. Je Lui dis que je ne voulais faire rien d’autre que ce qu’Il voulait me voir faire. Depuis le matin jusqu’à quinze heures, je jeûnai. En même temps, des collaborateurs se réunirent pour prier pour moi dans la maison de la sœur Ruth Lee. Alors que je priais Dieu de me donner la foi, Il me donna quelques paroles, que je ne pourrais jamais oublier. La première phrase était : « Le juste vivra par la foi » (Rm 1.17). La deuxième était : « Vous tenez ferme par la foi » (2 Co 1.24), et la troisième : « Tout est possible à celui qui croit » (Mc 9.23). Je remerciai et louai Dieu immédiatement parce qu’Il m’avait donné Ses paroles. Je crus qu’Il m’avait guéri.

L’épreuve vint immédiatement. La Bible dit : « Vous tenez ferme par la foi », mais j’étais encore alité. Un conflit émergea dans ma pensée : devrais-je me lever et me tenir debout ou rester couché ? Nous savons tous que les êtres humains s’aiment beaucoup et considèrent qu’il est plus confortable de mourir au lit plutôt que debout. Alors, la parole de Dieu manifesta sa puissance et, ignorant tout le reste, je mis mes vêtements, que je n’avais pas portés depuis cent soixante-seize jours. Alors que je quittais le lit pour me tenir debout, je transpirais si abondamment qu’on aurait cru que j’avais été mouillé par une averse. Satan me dit : « Est-ce que tu essaies de te lever alors que tu ne peux même pas t’asseoir ? » Je rétorquai : « Dieu m’a dit de me lever », et je me mis debout sur mes pieds. De nouveau atteint de sueurs froides, je faillis tomber. Je continuais de répéter : « Tiens ferme par la foi, tiens ferme par la foi ! » Je fis ensuite quelques pas pour tenter d’attraper mon pantalon et mes chaussettes. Après avoir mis mon pantalon, je m’assis. Immédiatement, la parole de Dieu me fut donnée, et je compris que je ne devais pas seulement tenir ferme par la foi, mais que je devais aussi marcher par la foi. Je trouvais que la capacité de me lever et de marcher quelques pas pour prendre mon pantalon et mes chaussettes était déjà quelque chose de merveilleux. Comment pouvais-je espérer marcher plus loin ? « Où veux-Tu que j’aille ? » demandai-je. Il répondit : « Descends et va chez la sœur Lee au numéro 215. » Un certain nombre de frères et sœurs jeûnaient et priaient chez elle depuis deux ou trois jours.

Marcher à l’intérieur de la chambre était très bien, ai-je pensé, mais comment pourrais-je descendre les marches ? Je priai Dieu en disant : « Ô Dieu, je peux me tenir debout par la foi, et par la foi je suis également capable de descendre les marches ! » Aussitôt, je me rendis à la porte conduisant à l’escalier et l’ouvris. Je vous dis honnêtement que quand je me mis debout au sommet de l’escalier, celui-ci me parut être l’escalier le plus haut que j’avais vu de toute ma vie. Je dis à Dieu : « Si Tu me dis de marcher, je le ferai, même si je meurs à cause de l’effort. » Mais je continuai : « Seigneur, je ne peux pas marcher. Je prie que Tu me soutiennes par Ta main pendant que je marche. » Tenant d’une main la rampe de l’escalier, je descendis marche après marche. J’étais à nouveau baigné de sueurs froides. Alors que je descendais les marches, je continuais à m’écrier : « Marche par la foi, marche par la foi ! » À chaque marche je priais : « Ô, Seigneur, c’est Toi qui m’aides à marcher. » Pendant que je descendais ces vingt-cinq marches, il semblait que je marchais main dans la main avec le Seigneur, dans la foi.

Arrivé en bas de l’escalier, je me sentis très fort et je me précipitai vers la porte arrière, que j’ouvris et je me dirigeai tout droit chez la sœur Lee. Je dis au Seigneur : « À partir de maintenant, je vivrai par la foi et je ne serai plus un invalide. » Je frappai à la porte comme le fit Pierre dans Actes 12.12-17, mais sans Rhode pour m’ouvrir la porte. Quand la porte fut ouverte et que j’entrai dans la maison, sept ou huit frères et sœurs me dévisagèrent longuement. Ils se tenaient immobiles et sans voix. Pendant une heure environ tout le monde resta assis calmement comme si Dieu était apparu parmi nous. Je pris place moi aussi, rendant grâce et louant le Seigneur. Ensuite, je racontai tout ce qui s’était passé pendant que j’étais gracieusement guéri. Remplis d’enthousiasme et jubilant en esprit, nous louions tous Dieu à voix haute pour Son œuvre merveilleuse. Ce même jour, nous louâmes une voiture qui nous amena à Kiangwan en banlieue, pour rendre visite à Dora Yu, la célèbre évangéliste. Elle fut extrêmement surprise de me voir, car elle avait reçu des nouvelles récentes concernant ma mort imminente. Quand j’apparus, tous ceux qui étaient dans la maison me regardèrent comme un homme qui venait de ressusciter des morts. Ce fut là une autre occasion de rendre de joyeuses actions de grâce et des louanges au Seigneur. Le dimanche suivant, je montai à l’estrade et parlai pendant trois heures.

Il y a environ quatre ans, je me rendis à une vente aux enchères qui se tenait dans la maison d’un médecin allemand. Après m’être renseigné, je découvris que c’était ce médecin même qui m’avait radiographié des poumons quelques années auparavant. Il avait pris trois photos et m’avait dit qu’il n’y avait plus d’espoir. Quand je lui avais demandé de prendre une autre photo, il m’avait répondu que cela ne valait plus la peine. Il m’avait alors montré la radio d’une autre personne en me disant : « L’état de cette personne était meilleur que le vôtre, et pourtant elle est morte chez elle deux semaines après cette radio. Ne venez plus me voir, je ne veux pas gagner de l’argent sur votre dos. » Quand j’avais entendu cela, j’étais rentré à la maison très découragé. Quatre ans plus tard, j’ai lu une annonce dans le journal au sujet de la vente aux enchères d’un immeuble et du mobilier d’un célèbre médecin allemand qui venait de mourir. Quand j’ai découvert qu’il s’agissait du docteur qui m’avait fait la radio des poumons des années auparavant, j’ai levé mes mains au ciel pour louer le Seigneur. Je dis : « Ce docteur est mort. Il avait dit que j’étais au seuil de la mort, mais maintenant c’est lui qui est mort. Le Seigneur a manifesté Sa grâce envers moi. » Sous le sang du Seigneur, je dis : « Ce docteur, qui était plus fort que moi, est mort, mais moi j’ai été guéri par le Seigneur et je vis encore. » Ce jour-là, j’ai acheté beaucoup d’éléments en vente dans cette maison en guise de souvenirs.

JE M’ATTENDS À DIEU POUR MA SUBSISTANCE ALORS QUE J’ŒUVRE

En 1923, le frère Weigh Kwang-hsi m’invita à aller prêcher à Kien-ou dans le nord de la province du Fujian. Je n’avais que quinze dollars environ dans ma poche, soit le tiers des frais de transport. Je pris la décision de partir le vendredi soir et je continuai à prier le mercredi et le jeudi. L’argent, cependant, n’arriva pas. Je priai encore le vendredi matin. Non seulement rien n’était en vue, mais j’avais aussi intérieurement la profonde impression que je devais donner cinq dollars à un certain collaborateur. Je me souvins des paroles du Seigneur : « Donnez, et il vous sera donné. » Je n’étais pas avide d’argent, mais ce jour-là, je me mis vraiment à aimer l’argent et je trouvai qu’il était extrêmement difficile de donner. Je priai à nouveau le Seigneur : « Ô Seigneur, si Tu veux vraiment que je donne cinq dollars, je le ferai », mais j’étais encore hésitant intérieurement. Je fus trompé par Satan en pensant qu’après avoir prié je n’aurais pas à donner les cinq dollars. Ce fut la première fois de ma vie où je versais des larmes à cause de l’argent. Finalement, j’obéis au Seigneur et donnai les cinq dollars à ce collaborateur. Après avoir donné l’argent, je fus rempli d’une joie céleste. Lorsque le collaborateur demanda pourquoi je lui avais donné l’argent, je dis : « Tu n’as pas besoin de demander, tu le sauras plus tard. »

Le vendredi soir, je me préparai pour commencer mon voyage. Je dis à Dieu : « Quinze dollars étaient déjà insuffisants, et Tu as voulu que je donne cinq dollars. La somme ne sera-t-elle pas encore moins suffisante ? Maintenant je ne sais pas comment prier. » Je décidai d’aller premièrement à Shui-Kow par bateau à vapeur et ensuite à Kien-ou par une petite pirogue. Je dépensai peu d’argent pour le voyage à Shui-Kow. Comme le bateau à vapeur était sur le point d’arriver, je me dis que si je ne priais pas selon mon point de vue personnel, le résultat serait bien meilleur. Aussi m’adressai-je au Seigneur en disant : « Je ne sais pas comment prier, s’il Te plaît, fais-le pour moi. » Puis j’ajoutai : « Si Tu ne veux pas me donner l’argent, s’il Te plaît envoie-moi un bateau à tarif réduit. » À mon arrivée à Shui-Kow, plusieurs bateliers vinrent me solliciter. L’un d’eux demandait seulement sept dollars pour mon passage. Ce prix était au-delà de toute attente. Le tarif habituel était de loin plus élevé. Je demandai au batelier pourquoi son prix était si bas, et il répondit : « Ce bateau est loué par le magistrat, mais je peux prendre seulement un passager pour une place à la poupe, donc je ne me soucie pas du prix. Mais vous devez apporter vos propres repas. » Au départ, j’avais quinze dollars dans ma poche. Après avoir donné cinq dollars au collaborateur et dépensé quelques centimes pour le voyage en bateau à vapeur, sept dollars pour la petite pirogue et un dollar environ pour la nourriture, il me restait encore un dollar et trente centimes lorsque j’arrivais à Kien-ou. Merci Seigneur ! Loué soit-Il pour Son arrangement qui est toujours bon !

Après avoir achevé mon œuvre à Kien-ou et alors que je m’apprêtais à retourner à Foochow, le problème se présenta à nouveau : je n’avais pas assez de fonds pour couvrir mes frais de retour. J’avais décidé de partir le lundi suivant, aussi je continuai à prier jusqu’à samedi. Cette fois-ci, j’eus un sentiment de certitude dans mon cœur, me rappelant qu’avant de quitter Foochow, Dieu m’avait demandé de donner cinq dollars à un collaborateur, ce que j’avais fait avec réticence. Je lus alors Luc 6.38 : « Donnez, et il vous sera donné », et je m’agrippai à ce verset. Je dis à Dieu : « Puisque Tu as dit cela, je Te supplie de me donner l’argent nécessaire pour couvrir les frais de voyage, selon Ta promesse. »

Le dimanche soir, un pasteur britannique, Monsieur Philips, un véritable frère, réellement sauvé et aimant le Seigneur, nous invita à dîner, le frère Weigh et moi. Pendant le repas, Monsieur Philips me dit que lui et son église avaient reçu beaucoup d’aide à travers mes messages, et ils proposèrent de prendre en charge mes frais de voyage aller-retour. Je répondis que quelqu’un avait déjà accepté cette charge, faisant référence à Dieu. Alors il dit : « Quand vous serez de retour à Foochow, je vous donnerai l’ouvrage intitulé The Dynamics of service [Les Dynamiques du service], un livre écrit par Monsieur Paget Wilkes, un messager de l’évangile puissamment utilisé par le Seigneur au Japon. » Je sentis rapidement que j’avais laissé passer une grande occasion. Ce dont j’avais besoin sur le moment, c’était de l’argent pour couvrir mes frais de voyage, non pas d’un livre. J’éprouvai quelque regret de ne pas avoir accepté son offre. Après le dîner, le frère Weigh et moi retournâmes à la maison. J’avais refusé l’offre de Monsieur Philips de prendre en charge mes frais de voyage, afin de pouvoir uniquement dépendre de Dieu pour Son aide. Toutefois, je n’avais ni joie ni paix dans mon cœur. Le frère Weigh n’était pas au courant de ma situation financière. Je pensai un instant lui emprunter de l’argent pour mes dépenses et ensuite le lui rembourser à mon retour à Foochow, mais Dieu ne me permit pas de lui divulguer ma pensée. J’avais la ferme conviction que Dieu dans le ciel est à jamais digne de confiance, et je souhaitais voir comment Il pourvoirait à mon besoin.

Lorsque je quittai ce lieu le lendemain, je n’avais que quelques dollars en poche. Beaucoup de frères et sœurs vinrent me dire au revoir, et certains portèrent mes bagages. Tout en marchant, je priais : « Seigneur, Tu ne m’aurais certainement pas amené ici sans pouvoir me faire repartir. » À mi-chemin sur le quai, Monsieur Philips envoya quelqu’un avec une lettre, sur laquelle il était écrit : « Bien que quelqu’un d’autre ait pris la responsabilité de vos frais de voyage, je pense que je devrais participer à votre œuvre ici. Serait-il possible pour moi, qui suis un frère âgé, d’apporter ma contribution ? S’il vous plaît, veuillez accepter cette modique somme à cet effet. » Après avoir lu la lettre, je ressentis que je devais accepter l’argent, ce que je fis. C’était non seulement suffisant pour mes frais de retour à Foochow, mais aussi pour l’impression d’un numéro de la revue The Present Testimony [Le Témoignage présent].

À mon retour à Foochow, la femme du collaborateur qui avait reçu les cinq dollars me dit : « J’ai le sentiment que quand vous êtes parti vous n’aviez pas assez d’argent pour vous-même. Pourquoi avez-vous subitement donné cinq dollars à mon mari ? » Je lui demandai alors ce qui était arrivé à ces cinq dollars, et elle répondit : « Il ne nous restait qu’un dollar à la maison le mercredi, et il avait été dépensé le vendredi. Nous avons prié toute la journée le vendredi. Après cela, mon mari a ressenti qu’il devait faire une petite promenade. C’est alors qu’il vous a rencontré, et vous lui avez donné les cinq dollars. Cet argent nous a soutenus pendant cinq jours. Ensuite, Dieu a pourvu pour nous par une autre source. » À ce moment précis, elle fondit en larmes et dit : « Si vous ne nous aviez pas donné les cinq dollars ce jour-là, nous aurions souffert de la faim. Cela ne fait rien que nous souffrions de la faim, mais qu’en est-il de la promesse de Dieu ? » Son témoignage me remplit de joie. Le Seigneur avait œuvré par moi pour pourvoir à leurs besoins grâce aux cinq dollars. La Parole de Dieu est vraiment fidèle : « Donnez, et il vous sera donné » [Lc 6.38].

C’est la leçon que j’ai apprise dans ma vie. J’ai maintenant expérimenté que moins j’ai d’argent dans ma main, plus Dieu m’en donnera. C’est un chemin difficile à suivre. Beaucoup de gens peuvent estimer qu’ils sont capables de vivre par la foi, mais quand les épreuves surgissent, ils ont peur. À moins que vous ne croyiez au Dieu vivant et vrai, je ne vous conseille pas de prendre ce chemin. Je peux témoigner aujourd’hui que Dieu est Celui qui donne. Subsister grâce à un corbeau, comme Élie l’a fait en son temps, est possible de nos jours. Je vais vous signaler quelque chose qui peut vous paraître difficile à croire. Mon expérience m’a appris que l’approvisionnement de Dieu arrive une fois que j’ai dépensé mon dernier dollar. J’ai quatorze ans d’expérience. Dans chaque expérience, Dieu a cherché la gloire pour Lui-même. Il a pourvu à tous mes besoins et ne m’a pas laissé tomber une seule fois. Ceux qui avaient l’habitude de donner ne le font plus maintenant. Il y a un changement constant des donateurs, un groupe de gens remplace un autre. Tout cela n’a aucune importance, car le Dieu du ciel est un Dieu vivant. Il ne change jamais ! Je le dis aujourd’hui pour votre intérêt. Je dois le dire afin que vous puissiez marcher droit sur le chemin de la foi vivante. Il y a encore dix à vingt cas comme ceux que je vous ai déjà racontés.

En ce qui concerne la question d’offrir de l’argent au Seigneur, il convient de mettre de côté un montant précis (soit la dîme de votre revenu soit la moitié de celui-ci) et de le mettre dans la main de Dieu. Dans son être naturel, la veuve qui donna deux leptes l’avait peut-être fait à contrecœur, mais le Seigneur en fit l’éloge. Nous devons être des exemples pour les autres. Nous n’avons pas à craindre, car Dieu ne faillira pas. Apprenons à aimer Dieu, à croire en Lui et à Le servir comme Il le mérite. Remercions-Le et louons-Le pour Sa grâce ineffable ! Amen.