La vie et le ministère de Watchman Nee

L’œuvre dynamique du salut de Dieu

Dès le seizième siècle, des missionnaires protestants se sont rendus en Chine pour répandre l’évangile, mais c’est au début du vingtième siècle, après des années de travail et de prière fidèles, que l’avance du Seigneur en Chine a connu un progrès significatif à l’issue de la révolte des Boxers, au cours de laquelle d’innombrables chrétiens ont été martyrisés. Dans les années 1920, de nombreux croyants, suscités par le Seigneur parmi les lycéens et les étudiants de toute la Chine, ont grandement contribué à la propagation de l’évangile. Parmi ces jeunes hérauts, Nee Shu-tsu (Watchman Nee) a été appelé et préparé par le Seigneur pour Son œuvre.

Nee Shu-tsu, également connu sous le nom anglais de « Henry Nee », naît en 1903 à Fuzhou, en Chine, de parents chrétiens de deuxième génération. Son grand-père paternel était le premier pasteur chinois parmi les congrégationalistes du nord de la province du Fujian, ayant fait ses études à l’American Congregational College de Fuzhou. Nee Shu-tsu avait été consacré au Seigneur avant sa naissance. Sa mère, qui désirait un fils, avait prié le Seigneur en disant : « Si je mets au monde un garçon, je T’en ferai présent. » Le Seigneur répondit à sa prière en lui donnant un fils. Plus tard, le père de Nee Shu-tsu lui raconta cette histoire en précisant : « Avant ta naissance, ta mère avait promis de te présenter au Seigneur. »

Nee Shu-tsu était doté d’une intelligence exceptionnelle. Depuis son entrée à l’école primaire jusqu’à l’obtention de son diplôme de l’Anglican Trinity College de Fuzhou, il était toujours le premier de sa classe et de toute son école. Avec de grands rêves et projets d’avenir, il aurait pu connaître un immense succès dans le monde. En 1920, à l’âge de dix-sept ans, Nee Shu-tsu, lycéen, fit l’expérience d’un salut dynamique après une lutte considérable. Au moment de son salut, il abandonna tous ses projets d’avenir. Il donna ce témoignage : « Dès le soir où j’ai été sauvé, j’ai commencé à vivre une nouvelle vie, car la vie du Dieu éternel était entrée en moi. » Par la suite, lorsqu’il a été appelé par le Seigneur pour accomplir Sa mission, il s’est donné le nom anglais « Watchman » et le nom chinois « To-sheng », qui signifie « le son du hochet d’un veilleur », car il considérait qu’il était un veilleur suscité pour lancer un cri d’alarme dans la nuit sombre.

Préparation et Formation

Watchman Nee n’a pas fréquenté d’école de théologie ou d’institut biblique. Ses connaissances approfondies au sujet du dessein de Dieu, de Christ, de l’Esprit et de l’église ont été acquises par l’étude de la Bible, la lecture de livres spirituels et la quête des questions spirituelles. Watchman Nee a reçu des révélations grâce à son étude rigoureuse de la Parole. Nombre de ses pratiques d’étude biblique sont décrites dans son ouvrage Comment étudier la Bible. Il a également lu les écrits spirituels de nombreux serviteurs du Seigneur au cours de l’histoire de l’église. Au début de son ministère, il consacrait un tiers de ses revenus à ses besoins personnels, un tiers pour aider les autres et le dernier tiers pour acheter des livres spirituels. Il parvint ainsi à réunir une collection de plus de trois mille des meilleurs ouvrages chrétiens, y compris presque tous les écrits chrétiens classiques depuis le premier siècle. Il avait une capacité extraordinaire à sélectionner, comprendre, discerner et mémoriser des textes pertinents, ainsi qu’à saisir et retenir rapidement les points essentiels d’un livre. Il était donc en mesure de glaner dans ces livres les vérités scripturaires et les principes spirituels fondamentaux que le Seigneur a mis en lumière tout au long de l’histoire de l’église, et de les appliquer à sa vie chrétienne et à son expérience de la vie d’église. En ce qui concerne les points de vérité, Watchman Nee a reçu beaucoup de lumière et d’aide de la part des auteurs chrétiens ci-dessous :

Illumination spécifique Source
1. L’assurance du salut George Cutting, un auteur membre de l’assemblée des Frères
2. La vie divine John Bunyan (Le Voyage du pèlerin), Madame Guyon, Hudson Taylor
3. Christ J. G. Bellett, Charles G. Trumbull, A. B. Simpson, T. Austin Sparks
4. L’Esprit Andrew Murray (L’Esprit du Christ)
5. La nature tripartite de l’homme Jessie Penn-Lewis, Mary E. McDonough
6. La foi George Müller
7. Demeurer en Christ Andrew Murray, Hudson Taylor
8. L’aspect personnellement applicable de la mort de Christ Jessie Penn-Lewis
9. La résurrection de Christ et Son corps T. Austin Sparks et autres
10. Le plan de rédemption de Dieu Mary E. McDonough
11. L’église John Nelson Darby et d’autres enseignants de l’assemblée des Frères
12. La prophétie Robert Govett, D. M. Panton, G.H. Pember
13. L’histoire de l’église John Foxe, E.H. Broadbent
14. L’explication biblique et autres vérités John Nelson Darby et l’assemblée des Frères

 

Au début de sa vie chrétienne, il reçoit également beaucoup d’édification et de perfectionnement spirituels de Margaret E. Barber, missionnaire anglicane en Chine. C’est surtout grâce à sa communion avec elle que Watchman Nee comprend qu’être chrétien, c’est avant tout connaître et faire l’expérience de la vie divine de Dieu en Christ. Sous les soins pastoraux de cette aînée en Christ, il apprend à prêter plus d’attention à l’opération de la vie divine en lui qu’à la simple œuvre extérieure (Ph 2.13).

La révélation reçue et sa vie personnelle

Watchman Nee a reçu une abondance de révélations provenant de la Parole. Il a réellement perçu le contenu de la révélation divine, dont le cœur consiste à vivre une vie crucifiée et une vie en résurrection pour la vie d’église. L’expérience de la mort et de la résurrection de Christ par les croyants est le socle d’une vie chrétienne normale. Cette vie chrétienne normale, quant à elle, produit l’église comme le Corps de Christ, dont l’expression est à la fois universelle et locale. Watchman Nee a compris que nous, les croyants, avons été crucifiés avec Christ et que l’expérience chrétienne normale consiste en ce que Christ vit en nous à travers notre expérience de la croix au cours de notre vie quotidienne (Ga 2.20). Plusieurs des expériences qui ont amené Watchman Nee à découvrir cette vérité sont présentées dans son ouvrage intitulé Le Brisement de l’homme extérieur et la libération de l’esprit.

Dès le tout début du ministère de Watchman Nee, le Seigneur avait arrangé ses situations de sorte qu’elles soient des occasions pour lui de renier la vie de son âme et sa vie naturelle afin d’expérimenter la vie de résurrection de Christ. Watchman Nee a vu que nous qui sommes croyants ne sommes pas seulement morts avec Christ, mais aussi ressuscités avec Lui (Rm 6.4-5, 8). Par son expérience de la vie de résurrection du Christ qui demeure intérieurement, Watchman Nee a pu porter la croix et participer à la communion des souffrances de Christ, étant rendu conforme à Sa mort (Ph 3.10). Dans la vie de résurrection de Christ, il a été fortifié au point de pouvoir abandonner le monde, de renoncer à son avenir, et de se renier lui-même afin d’être délivré du péché et de vaincre Satan. Dans cette vie de résurrection, il a également servi le Seigneur, travaillé pour Lui et mené à bien Sa mission. Les contemporains de Watchman Nee ont témoigné du fait qu’il rejetait constamment sa force naturelle dans le service du Seigneur. Il craignait l’intrusion de sa vie naturelle dans l’œuvre du Seigneur. Que ce soit dans ses messages, dans ses contacts avec autrui, dans la rédaction de ses articles, dans sa correspondance avec les croyants et même dans la gestion des questions mineures, il s’efforçait de vivre selon la vie de résurrection de Christ. Constitué d’une telle vie, il a pu endurer son incarcération prolongée et finalement souffrir le martyre.

Watchman Nee a également vu que l’église en tant que Corps de Christ était simplement l’agrandissement, l’expansion et l’expression du Christ ressuscité. Sa vision de l’église comme le Corps de Christ en résurrection était fort avancée. Son ministère concernant le Christ crucifié et ressuscité a été une intendance de la grâce qui a dispensé le Christ ressuscité aux croyants pour l’édification de Son Corps. Il a vu à la fois l’aspect universel du Corps, détaillé dans L’Église glorieuse, et l’expression locale du Corps, présentée dans La Vie d’assemblée, La Vie chrétienne normale de l’église et Entretiens supplémentaires sur la vie d’église.

Le fardeau et la mission

La révélation divine que Watchman Nee a vue s’est traduite par un double fardeau et une double charge de la part du Seigneur : premièrement, porter le témoignage du Seigneur Jésus et, deuxièmement, établir des églises locales. Le premier fardeau découlait de sa connaissance approfondie et de son expérience personnelle de la mort tout inclusive et de la résurrection de Christ. Le Seigneur lui a spécifiquement donné le fardeau et la mission de rendre témoignage de cette vérité. Il remplit fidèlement cette charge en donnant de nombreux messages oraux et écrits sur l’aspect personnel pour nous de la crucifixion et de la résurrection du Seigneur, sur les principes de la vie divine, sur la prééminence de Christ et sur le dessein éternel de Dieu. Ces messages sont inclus dans des ouvrages tels que La Vie de vainqueur, Les Vainqueurs de Dieu, L’Homme spirituel et Le Plan éternel de Dieu.

Cependant, la charge ultime qui revint à Watchman Nee n’était pas seulement celle d’élever l’expérience de Christ dans chaque croyant individuel, mais aussi celle d’édifier une expression corporative et pratique de Christ dans les églises locales, selon le modèle prescrit par Dieu et révélé dans le Nouveau Testament (Ac 11.22 ; Rm 16.1 ; 1 Co 1.2 ; Ap 2.1, 8, 12, 18 ; 3.1, 7, 14). C’était là l’ultime mission qu’il avait reçue du Seigneur sur la base de ce qu’il avait vu et expérimenté de Lui. Son témoignage personnel daté du 20 octobre 1936 décrit cette mission :

« Ce que le Seigneur me révéla était extrêmement clair : bientôt, Il susciterait des églises locales dans différentes parties de la Chine. Chaque fois que je fermais les yeux, la vision de la naissance des églises locales apparaissait…

Lorsque le Seigneur m’appela à Le servir, mon objectif primordial n’était pas de tenir des réunions de renouveau de la foi, d’aider les gens à entendre plus de doctrines scripturaires ou de devenir un grand évangéliste. Le Seigneur me révéla qu’Il désirait édifier des églises locales dans différents endroits pour se manifester et pour donner le témoignage de l’unité sur le terrain des églises locales. De cette manière, chaque saint serait capable de fonctionner dans l’église et de vivre la vie d’église. Ce que Dieu veut, ce n’est pas une quête individuelle de la victoire ou de la spiritualité. Il veut une église corporative glorieuse qui Lui soit présentée. »

Les souffrances

Watchman Nee reçut une vision indéniable et une mission précise du Seigneur au sujet de l’église. Il souffrit beaucoup à cause de sa fidélité, subissant le rejet, l’opposition et la condamnation. Néanmoins, il était prêt à payer le prix pour suivre le Seigneur, même au coût de sa vie. Sa profonde révélation conjuguée à ses souffrances est ce qui donna naissance à un ministère de la vie très riche.

Watchman Nee endura beaucoup de souffrances pour le bien du ministère du Nouveau Testament. En raison de sa détermination absolue à suivre le Seigneur et de sa fidélité dans l’accomplissement de la mission du Seigneur, il subit fréquemment de mauvais traitements et traversa des épreuves durant toute sa vie. Pendant qu’il menait la bataille pour l’avance du Seigneur, il était constamment attaqué par l’ennemi de Dieu, Satan. En même temps, il était aussi sous la main souveraine de Dieu. Il reconnut les arrangements souverains de Dieu dans ses circonstances, non pas simplement comme une « épine dans la chair » divinement attribuée, mais bien plus encore, comme un moyen par lequel Dieu pouvait œuvrer en lui. Du fait des attaques de Satan et de la discipline fidèle de Dieu dans ses circonstances, Watchman Nee connut une vie pleine de souffrances, lesquelles étaient en majorité de cinq sortes : la pauvreté, la mauvaise santé, l’opposition de la part des dénominations, les frères et sœurs dissidents dans les églises locales et, finalement, l’incarcération.

Pendant les premières années de son ministère, la situation économique en Chine était déplorable. Malgré cela, il vivait purement et simplement par la foi en Dieu, que ce soit pour subvenir à ses besoins ou pour tous les aspects de l’œuvre du Seigneur. C’est pourquoi il refusait catégoriquement de se faire embaucher par une personne ou une organisation. Au début de son ministère à Shanghai, il lui arrivait de n’avoir qu’un peu de pain à manger pour la journée.

Watchman Nee était aussi fréquemment affligé de maladies graves. Pendant les onze premières années de son ministère, à partir de 1922, il souffrit solitairement, sans épouse à ses côtés pour l’aider. C’est pendant cette période solitaire qu’il contracta la tuberculose, dont il souffrit durant plusieurs années. Il se maria en 1934, à l’âge de trente ans, avec Charity Chang. Elle devint un véritable soutien pour lui. Plus tard, il fut atteint d’une maladie chronique de l’estomac, d’une angine de poitrine, puis d’une grave affection cardiaque, de laquelle il ne guérit jamais. Aussi, son ministère fut soutenu par la vie de résurrection et non pas par sa force physique.

Sa position ferme en faveur de l’unité du Corps de Christ était un témoignage contre les divisions créées par les pratiques des dénominations. Par conséquent, il était souvent l’objet de critiques, d’oppositions et même de fausses rumeurs. Les représentations erronées de son ministère étaient si fortes qu’il y répondit un jour en disant : « Je condamnerais moi aussi le Watchman Nee qu’ils décrivent. »

Une autre source des souffrances de Watchman Nee provenait d’un certain nombre de frères et sœurs qui se réunissaient dans les églises locales, et notamment de dissensions dont la cause était leur immaturité et leur ambition. En 1922, deux ans après le commencement de la vie d’église dans la ville natale de Watchman Nee, il fut même temporairement « excommunié » par certains de ses collaborateurs pour avoir contesté l’ordination de quelques-uns d’entre eux par un missionnaire d’une dénomination. Bien que la plupart des croyants dans sa localité se soient rangés du côté de Watchman Nee, le Seigneur ne lui permit pas de faire quoi que ce soit pour se défendre. Cela fut une profonde souffrance pour son homme naturel.

Après la prise de pouvoir par le parti communiste en Chine, Watchman Nee fut arrêté en mars 1952 à cause de l’évangile. Il fut faussement accusé, jugé puis condamné à quinze ans d’emprisonnement en 1956. Il mourut en détention le 30 mai 1972.

Watchman Nee était un homme de tristesse et de souffrance. Parce qu’il avait suivi l’Agneau tout au long de sa vie chrétienne, il avait connu de nombreuses épreuves. Toutefois, à travers ces souffrances, il apprit de précieuses leçons sur la confiance dans le Seigneur. Ses expériences douloureuses l’aidèrent aussi à résoudre le problème de sa chair, de son moi, de son âme et de sa vie naturelle. Grâce à son obéissance à la main souveraine de Dieu, il fit beaucoup plus que transmettre de simples enseignements et doctrines. Ses messages reflétaient la réalité qu’il avait obtenue par le biais de ses souffrances. L’expérience acquise au travers de ses afflictions non seulement fut une aide incommensurable pour tous ceux qui recevaient son ministère, mais devint aussi un riche héritage pour le Corps de Christ, un héritage acquis à un prix, voire au prix ultime.

Les souffrances de Watchman Nee lui permirent également de recevoir d’autres révélations du Seigneur au moyen des Écritures. À travers ses afflictions, il fut purifié, traité, brisé et constitué par le Saint-Esprit avec la vie divine. Grâce à ces expériences de Christ dans ses souffrances, il fut, comme Paul, préparé et disposé à recevoir la révélation du Seigneur.

Les moyens du ministère

Le riche ministère de Watchman Nee était le fruit de révélations et de souffrances. Il mena à bien ce ministère par la prédication de l’évangile, l’enseignement de la Bible, les voyages, les contacts personnels, les correspondances, les conférences, les formations et les publications. Watchman Nee parlait fréquemment en privé et en public, mais il était également un auteur prolifique. Ses publications comprenaient des brochures évangéliques, des périodiques, des articles, des bulletins d’information, des livres, des recueils de cantiques et un tableau de prophéties bibliques. Ses écrits sont regroupés dans un ensemble de soixante-deux volumes, intitulé The Collected Works of Watchman Nee [Les Œuvres complètes de Watchman Nee], qui couvre la période allant de la publication de son premier ouvrage en 1922 à son dernier message oral, qui fut enregistré en 1950.

Sa relation avec ses collaborateurs

Watchman Nee servit le Seigneur avec d’autres croyants, dont Witness Lee, son proche collaborateur. Witness Lee fut élevé selon la confession baptiste du Sud et fut sauvé en 1925, à l’âge de dix-neuf ans. Cherchant à connaître la Bible, Witness Lee trouvait que les articles et publications de Watchman Nee présentaient la vérité biblique avec la plus grande exactitude. Ayant commencé à correspondre avec Watchman Nee, il fut étonné d’apprendre que quelqu’un qui n’avait que deux ans de plus que lui était un chrétien aussi mûr. En 1932, Witness Lee invita Watchman Nee à venir à Tchefou, ce qui marqua leur premier contact en personne. Pendant le temps qu’ils passèrent ensemble, Watchman Nee souligna l’expérience de la vie divine plutôt que la simple connaissance de la Bible. Cela permit à Witness Lee d’approfondir sa communion et son intimité avec le Seigneur. Au cours de la même année, des croyants commencèrent à se réunir chez Witness Lee. L’année suivante, cette réunion était florissante. En raison des besoins de l’église, les deux hommes acquirent la conviction que le Seigneur voulait que Witness Lee consacre tout son temps à Le servir. Lorsque Watchman Nee exhorta Witness Lee à ce propos, ce fut pour lui une confirmation de la conduite du Seigneur. Il commença donc son service à plein temps aux côtés de Watchman Nee, sous le perfectionnement de ce dernier et étant aidé par sa communion. Watchman Nee forma Witness Lee et le mit à l’épreuve dans le but de le préparer à assumer davantage de responsabilités. Conscient du fait que l’œuvre du Seigneur en Chine, qui avait commencé à Shanghai à travers Watchman Nee, devait être une seule et unique œuvre, Witness Lee quitta ce qu’il avait entrepris dans le nord de la Chine et s’installa à Shanghai en 1934 pour travailler plus étroitement avec Watchman Nee. Ensemble, ils ont travaillé, souffert, répandu l’œuvre, reçu des révélations et suscité des réveils. De 1934 à 1940, Witness Lee édita la publication de Watchman Nee The Christian [Le Chrétien] pendant son service dans le Shanghai Gospel Bookroom que ce dernier avait créé. Il fut également le témoin de Watchman Nee lors de son mariage.

Dans l’incertitude quant au sort de l’avance du Seigneur en Chine après l’effondrement du gouvernement nationaliste en 1949, Watchman Nee envoya Witness Lee et quelques autres collaborateurs à Taïwan au cours de la même année pour y poursuivre l’œuvre. Le dernier contact entre ces deux serviteurs de Dieu eut lieu à Hong Kong en mars 1950, vingt-cinq ans après la rencontre de Watchman Nee par Witness Lee. À cette occasion, ils discutèrent longuement du retour de Watchman Nee sur le continent. Ce dernier déclara à son compagnon d’œuvre : « Que ferons-nous de tant d’églises sur le continent ? Je dois retourner pour m’occuper d’elles et leur rester solidaire pour le témoignage du Seigneur. »

Son martyre

Watchman Nee fut conduit par le Seigneur à rester en Chine continentale et à sacrifier sa vie pour l’œuvre du Seigneur dans ce pays. À cet égard, il était comme l’apôtre Paul dans Actes 20.24, qui dit : « Mais je ne fais aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, afin d’accomplir ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, de rendre témoignage solennel à l’évangile de la grâce de Dieu. » Concernant la décision de Watchman Nee, le frère Hsu Jin-chin a donné le témoignage suivant :

« Avant que le frère Nee ne quitte Hong Kong, le frère Lee lui conseilla maintes fois de ne pas retourner en Chine continentale, ce à quoi le frère Nee lui répondit : “Si une mère découvrait que sa maison était en feu, et qu’elle-même était à l’extérieur de la maison en train de faire la lessive, que ferait-elle ? Tout en ayant conscience du danger, ne se précipiterait-elle pas dans la maison ? Bien que je sache que mon retour présente bien des dangers, je sais que beaucoup de frères et sœurs sont encore à l’intérieur. Comment puis-je ne pas retourner là-bas ?” »

Watchman Nee fut arrêté en mars 1952 en raison de sa foi en Christ ouvertement confessée ainsi que de son rôle de meneur au sein des églises locales. Il fut faussement accusé, jugé puis condamné en 1956 à quinze ans d’emprisonnement. Pendant cette période, seule sa femme fut autorisée à lui rendre visite. Bien que nous n’ayons aucun moyen de connaître ce que fut son expérience du Seigneur pendant sa longue détention, ses huit dernières lettres donnent un aperçu de ses souffrances, de ses sentiments et de ses attentes pendant son emprisonnement. Même si la censure en vigueur dans la prison ne lui permettait pas de mentionner le nom du Seigneur dans ses lettres, dans sa toute dernière missive, écrite le jour de sa mort, il fait allusion à sa joie dans le Seigneur : « Dans ma maladie, je garde encore la joie dans mon cœur. » Watchman Nee mettait en pratique la parole de l’apôtre Paul dans Philippiens 4.4 : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur. » Il mourut en prison le 30 mai 1972. Humainement parlant, il est mort dans la misère et l’humiliation. Pas un seul parent, ni un frère ou une sœur dans le Seigneur ne l’accompagnait. Son décès ne fut pas dûment annoncé et il n’y eut aucunes funérailles. Il fut incinéré le 1er juin 1972. Comme sa femme était décédée six mois plus tôt, c’est la sœur aînée de celle-ci qui fut informée de la mort et de la crémation du frère. Elle récupéra ses cendres, qui furent ensevelies auprès de celles de sa femme dans sa ville natale de Kwanchao, dans le comté de Haining, province du Zhejiang. En mai 1989, les cendres de Watchman Nee et celles de sa femme furent transférées et enterrées dans le « cimetière chrétien » de Xiangshan, dans la ville de Suzhou, province du Jiangsu.

Ce qui suit est le récit de la petite-nièce de Watchman Nee, qui avait accompagné la sœur aînée de Madame Nee à la ferme de travaux forcés, dans le but d’y récupérer ses cendres :

« En juin 1972, un avis provenant de la ferme de travaux forcés nous informa que mon grand-oncle était décédé. Ma grand-tante aînée et moi-même nous sommes alors empressées de nous y rendre, mais quand nous sommes arrivées, nous avons appris qu’il avait déjà été incinéré. Nous n’avons pu voir que ses cendres… Avant sa mort, il avait laissé un morceau de papier sous son oreiller, qui portait plusieurs lignes écrites en gros caractères par une main tremblante. Il avait voulu témoigner de la vérité qu’il avait portée même jusqu’à sa mort et dans l’expérience de toute sa vie : “Christ est le Fils de Dieu qui est mort pour la rédemption des pécheurs et est ressuscité après trois jours. C’est la plus grande vérité de l’univers. Je meurs à cause de ma foi en Christ. Watchman Nee.” Lorsque le fonctionnaire de la ferme de travaux forcés nous montra ce papier, j’ai prié que le Seigneur me permette rapidement de m’en souvenir par cœur…

Mon grand-oncle était décédé. Il avait été fidèle jusqu’à la mort. Avec une couronne tachée de sang, il est allé rejoindre le Seigneur. Dieu n’avait pas exaucé son dernier souhait, celui de sortir vivant pour retrouver sa femme, le Seigneur avait toutefois préparé quelque chose de bien meilleur : ils ont été réunis de nouveau devant le Seigneur. »

Pendant l’emprisonnement de Watchman Nee, il était enfermé, mais son ministère n’était pas lié (2 Tm 2.9). Par la souveraineté du Seigneur, son ministère s’est répandu dans le monde entier comme un riche approvisionnement de vie pour tous les chrétiens en quête du Seigneur.

Son fardeau ultime était la propagation et l’édification de l’église comme la maison de Dieu, le tabernacle de Dieu. Bien que son propre tabernacle terrestre (son corps physique) ait disparu, l’édifice de Dieu issu de son ministère demeure et continue de croître et de se répandre sur toute la terre. Au moment de l’arrestation de Watchman Nee en 1952, environ quatre cents églises locales avaient été suscitées en Chine. Plus de trente églises locales avaient également été établies aux Philippines, à Singapour, en Malaisie, en Thaïlande et en Indonésie. Aujourd’hui, il y a plus de 2 300 églises locales dans le monde entier grâce au ministère riche et fidèle de Watchman Nee.